Oamaru : let's enjoy the Steampunk Festival !
Lundi 25 mai, Christin et moi quittions Dunedin sous la neige. Si pour elle, notre prochaine destination n'était qu'un stop de deux jours, Oamaru annonçait pour moi le début de mon périple sur la côte Est de l'île du Sud. J'étais ravie de mon séjour dans la ville victorienne mais comme à chaque fois que je reste plus de 15 jours quelque part, j'étais contente de partir pour découvrir de nouvelles choses.
Le trajet fut relativement rapide puisqu'il nous fallu seulement 2h30 pour arriver à Oamaru. J'eus un doute sur le maintien de notre bus jusqu'à la dernière minute, car la route que nous devions emprunter avait été fermée en raison du mauvais temps. Par chance, elle avait été réouverte en début d'après-midi et le bus était prévu pour 14h30. Finalement, nos plans se déroulaient comme prévu.
Une fois déposées à Oamaru, nous prîmes notre courage à deux mains pour affronter les 30 minutes de marche qui nous attendaient pour rejoindre le Chillawhile Art Gallery Backpackers. Oui, c'était quand même un peu loin...
Le Chillawhile Art Gallery Backpackers
Marie, ancienne wwoofeuse française et nouvelle réceptionniste de l'auberge nous accueillies très chaleureusement. Je sentis tout de suite la douceur et la jeunesse qui s'émanaient d'elle et cela m'inspira pour lui faire quelques blagues au niveau peu élevé comme j'en ai le secret car je la sentais réceptive. Elle m'emmena à mon lit qui se trouvait dans la chambre du staff (où une bombe atomique était passée par là et je ne vous parle pas de la cuisine) et montra à Christin sa chambre.
La première wwoofeuse que je rencontrais se faisait appeler An (et gardait le mystère sur son prénom, était-ce Angélique ? Anaïs ? Anne ? Anaconda ? Personne ne le saura jamais) et m'annonça que nous étions 12 woofeurs au Chillawhile. Non seulement j'étais surprise (car à Dunedin nous étions seulement 4 pour le double de la surface) mais cela m'inquiéta un peu car l'image de la propreté de la cuisine du staff me revint en tête. Pourquoi étions-nous si nombreux ? Le Chillawhile n'était-il pas un squat caché ?
C'est donc sans surprise que trois jours après mon arrivée, j'eus l'envie de m'installer dans la galerie et de peindre pendant près de 4h30. Je fus collée à mon siège tout l'après-midi, dans un état méditatif, très concentrée sur ce que je faisais. Ce moment fut une de mes nombreuses révélations ici.
Le premier soir, je fis attention de croiser le chemin de tous les autres wwoofeurs et de me présenter, puis après avoir passé la soirée avec Christin, je me couchais, prête à commencer ma première journée le lendemain.
Comme elle habitait à 2h d'Oamaru, Kelly, la propriétaire de l'auberge, ne venait qu'une fois par semaine au Chillawhile (mais gardait toujours un oeil à distance). Le reste du temps, les deux réceptionnistes (Marie et David) et les wwoofeurs faisaient tourner la boutique.
A 12h30, nous avions largement fini notre travail de la journée (à 13, tu m'étonnes !). C'est pourquoi à la fin de ma première journée (et profitant du fait que Christin soit toujours là pour m'y rendre avec elle), je parvins à négocier avec Marie une sortie à Moeraki (à 40 min en voiture) pour l'après-midi avant sa shift de 16h pour voir les célèbres : MOERAKI BUILDERS, ces rochers gigantesques en bord de plage.
Christin reprit la route le lendemain de cette visite. Elle en savait davantage sur la tournure qu'allait prendre son voyage et c'est avec émotion que nos chemins se séparèrent.
Oamaru : une ville d'une autre époque
Je fus frappée par cette ville qui ne ressemblait à rien de ce que j'avais visité précédemment. Comment décrire Oamaru ? J'avais la sensation d'être dans un décor de cinéma et d'avoir un rôle de figuration dans le film d'époque qui était en train d'être tourné. Tout semblait déposé ici, hors de la portée du temps. En fonction des quartiers, nous trouvions soit de splendides monuments tels que la bibliothèque, le musée ou l'église, soit des petites boutiques (boulangerie, antiquaires, galeries...) à l'architecture vieillie à l'image des villages français de 1840 les plus reculés dans la Creuse. Le quartier du port, lui, accueillait des pinguins bleus à l'état naturel rentrant de la pêche tous les jours à partir de 16h30. J'ai d'ailleurs eu le privilège d'en voir un, un soir vers 17h45 : le seul pinguin téméraire qui essayait de se frayer un chemin à travers les 12 touristes plantés là à le regarder (il faut dire que pour en voir à coup sûr il fallait payer, et c'était le seul spot gratuit !)
Le Steampunk Festival !
En raison de l'architecture d'Oamaru, il n'y avait rien d'étonnant à ce que ce soit dans cette ville et pas ailleurs que le Steampunk Festival soit organisé. L'évènement collait d'ailleurs si bien à l'endroit que je me suis demandée à plusieurs reprises qui du Festival ou de la ville avait vu le jour en premier ! (Tu sais, l'histoire de la poule et de l'oeuf, tout ça, tout ça...).
Il y a encore trois semaines, je n'avais aucune idée de ce que voulais dire "Steampunk". C'est dans un mail de Kelly qui m'annonçait que j'arrivais à Oamaru pendant le festival, que je vis ce mot pour la première fois. Alors puisque j'arrivais pendant le "Festival Steampunk" qui durait 4 jours, il fallait bien se renseigner dessus car tout ce que me venait en tête c'était la fausse image des jeunes à crêtes roses et vertes, en train de boire des bières.
Le steampunk est à la base un genre littéraire qui apparait à la fin du XXe siècle et dont l'action se passe dans la société industrielle du XIXe siècle. C'est un mélange de style industriel d'époque, de style victorien et de style futuriste. On retrouve aussi du Steampunk dans des oeuvres fantastiques, fantasy et même de science-fiction. Alors quand tous ces styles se mélangent entre eux, cela rend quelque chose de plutôt intéressant, surtout quand l'animation se passe à la fois sur scène et aussi dans la rue avec tous ces gens costumés qui arpentent les ruelles pendant toute la durée du festival.
Les photos qui suivent ont été prises pendant la manifestion "Steam & Fire" ("vapeur et feu"). A cette occasion, tous les magasins étaient ouverts. Nous nous sommes baladés ce soir-là avec Marie (et d'autres wwoofeurs que nous avons perdu en chemin) et nous en avons profité pour dégainer notre appareil photos aussi bien dans les rues que dans les boutiques.
Et voici en prime une petite démonstration en vidéo d'un des nombreux shows... :)
Inutile de dire à quel point j'ai aimé cette soirée ! J'avais baigné dans un univers complètement différent : c'était un autre monde. Ici, l'esthétisme était la clé de tout ! Un sentiment de liberté et de respect envahissait les rues. Les gens souriaient, heureux de montrer leur costume qui était bien souvent le fruit de leur création. Il était absolument normal d'être vétu de la sorte et d'en faire profiter les autres. J'avais été téléportée.
Du fun au Musée Steampunk HQ
Après cette soirée, j'enchainais les journées bien remplies (le festival étant sur 4 jours) entre les marchés steampunk dans la ville, la création de bijoux (oui, je m'y suis mise !) à l'auberge, la peinture, la cuisine, la fabrication de savon naturel qu'An a bien voulu nous organiser, (elle était décidément pleine de ressources, oui parce qu'en plus elle savait faire du papier recyclé et du tricot, elle vend d'ailleurs ses créations) ... Le temps passait à une vitesse ! Au milieu de toutes ces activités, nous avons trouvé le temps avec Marie de nous rendre au Musée Steampunk HQ !
Une des wwoofeuses, Chi-Chi (elle venait de Taiwan), nous avait dit "Ho ! En 30 minutes, c'est fait !"... C'était mal nous connaître avec Marie ! Nous sommes restées dans le musée pendant presque 2h : nous avons touché à absolument TOUT, nous mettant en scène avec les objets du musée et en prenant des photos (bien sûr) de nos moments de théâtre artistique (oui, ça veut rien dire mais on s'en fiche !). En plus de nous vendre du rêve, on nous avait vendu du fun !
La petite touche poétique du musée se trouvait dans une pièce minuscule mais remplie de miroirs (la rendant pour le coup immense). J'ai filmé cette démonstration "miroirs et lumières" pour vous en donner un aperçu.
Ce même jour, et toujours avec Marie (on ne sépare pas deux acolytes !), nous nous sommes rendues dans une boutique très particulière (dans la narration cela figure après, mais en réalité, nous avons visité la Galerie juste avant le musée, mais peu importe, hein ?).
La Galerie Grainstore : mi-boutique, mi-galerie
J'hésitais à parler de cette partie dans l'article, mais les photos étaient tellement étranges et collaient parfaitement au thème Steampunk et à la ville d'Oamaru que j'ai décidé de les partager. La Galerie Grainstore est un mélange de galerie d'art et de boutique : elle expose bon nombre de choses que l'on peut juste venir observer, mais on peut également acheter tout ce qui se trouve dedans. L'atmosphère du lieu était intéressante... et même particulière !
Après cette journée riche en esthétisme, Marie et moi sommes rentrées à l'auberge pour faire encore je ne sais quelle clownerie.
Les jours qui suivirent changèrent beaucoup : les anciens wwoofeurs qui étaient là depuis plusieurs semaines quittèrent les lieux, réduisant notre équipe à 6 personnes (An, Marie, Julie, Tino, Alice et moi). A nous six, nous décidâmes de révolutionner toute l'auberge et d'y faire le grand ménage : la chambre du staff fut rangée et décapée tout comme la cuisine, les réfrigérateurs nettoyés, les freezers décongelés et de nouvelles règles basées sur le respect furent instaurées. Cette petite équipe était précieuse : nous étions tous sur la même longueur d'ondes et le partage était à l'honneur. Nous étions une petite famille prenant soin les uns des autres. Et ça, ça n'arrive vraiment pas tous les jours.
Mon wwoofing à Oamaru m'a énormément marqué et figure parmi les meilleurs (avec celui de Punakaiki). Je me faisais d'ailleurs la réflexion : comment distinguer un "bon wwoofing" d'un "wwoofing classique" ? Pour ma part, un wwoofing est bon lorsqu'il me laisse une trace émotionnelle et qu'une partie de moi reste dans cet endroit. Ce fut le cas au Chillawhile.
Pendant ces 11 jours, j'ai non seulement vécu des situations marquantes, mais j'ai rencontré des gens de grande valeur. Je quitte Oamaru en étant complètement imprégnée du lieu et en ayant des souvenirs plein la tête.