Des changements, une page qui se tourne...
Bonjour et bienvenue en 2015. Installez-vous confortablement sur votre fauteuil préféré, glissez votre bagage sous votre siège ou dans le panier de votre chien et attachez convenablement votre ceinture. Par mesure de sécurité, notre compagnie ne fournit aucun popcorn ni aucun chipster salé pendant la lecture de cet article et ne pourrait en aucun cas être tenue responsable de la qualité des sachets de thé que vous trouverez dans votre tasse. Détendez-vous, respirez profondément et souvenez-vous...
En 2014, j'avais eu des petits soucis de cartes bancaires et de cheville ! Mais tout est finalement rentré dans l'ordre peu de temps après ! Mon porte-carte a été retrouvé le lendemain et déposé au commissariat où j'ai été le chercher : tout était là, même ma carte VIP du "Taste Café" qui me donne droit à 2 dollars de réduction pour chaque café et smoothie acheté ! (Comment ça, je fais de la pub ?) J'ai donc été refaire une nouvelle carte néo-zélandaise (car j'avais fait opposition) immédiatement après et dix jours plus tard, j'ai reçu ma nouvelle carte visa française ! Côté physique, je ne sens quasiment plus ma cheville depuis qu'on m'a coupé le pied, je peux donc recommencer à marcher correctement les jours où il ne pleut pas.
Et aujourd'hui, le 19 janvier 2015, une page de ma vie néo-zélandaise s'est tournée. Ces dix derniers jours, j'ai eu le courage de bouleverser mon quotidien et d'ouvrir les bras à quelque chose de nouveau pour les prochaines semaines de mon voyage.
Le travail au restaurant : what's happened?
Pendant les trois premières semaines, mon travail de "kitchen hand" m'a comblé de bonheur. Je découvrais un nouvel univers dans une bonne ambiance, avec un Chef qui prenait soin de moi et me soutenait. Puis, la saison commença...
Entre 90 et 120 petit-déjeuners servis chaque matin, plus d'une centaine de déjeuners et environ 140 couverts le soir, le restaurant n'a pas désempli de tout l'été. J'ai assuré la plonge 6 jours par semaine, non-stop entre 8h et 16h, debout devant mon évier. Mon Chef, de par son état extrême de fatigue, le stress et ses soucis personnels, était d'une humeur massacrante et cela se ressentait en cuisine. Tout le monde était tendu, l'ambiance était oppressante. Mon corps, qui pendant trois semaines avait travaillé entre 40 et 45h par semaine, commençait à me lâcher : mes muscles tétanisaient rapidement, je ne sentais plus mes bras (qui avaient doublé de volume) et je devais porter mes jambes le matin pour sortir du lit.
Un soir, après une journée de travail particulièrement difficile, Katherine me proposa d'aller prendre un verre, histoire de m'aérer la tête. Elle était au courant depuis le début que les choses étaient difficiles au restaurant, je lui racontais en détails ce qu'il se passait en cuisine jour après jour. Elle m'offrit une bière, une Kilkenny, cette bière rousse irlandaise que j'aime tant. Je ne m'étais pas autorisée à en boire depuis des mois... Assise à la table, je commençais à lui expliquer ce qu'il s'était passé ce jour-là, pourquoi je me sentais si mal... Puis Sophie nous rejoignit et me dit peu de temps après : "Pourquoi ne pars-tu pas si tu rentres dans cet état tous les soirs ?" Je répondis : "J'ai dit que je resterais tout l'été, donc jusqu'en mars. Je me suis engagée. Pour le moment, je tiens..." Et Katherine ajouta : "Je suis comme toi, si je m'engage à rester, je fais tout pour honorer ma parole. Pour le moment tu n'en as pas encore assez pour prendre ta décision. Quand ce sera trop, tu le sauras."
Deux jours après cette discussion, soit un dimanche, je me réveillais avec une sensation dans le ventre que je n'avais pas ressentie depuis des mois. C'était du stress. Je n'avais pas envie d'aller travailler. Puisqu'il en était ainsi, cette journée serait ma journée d'observation. J'allais, pendant les 8 prochaines heures, peser le pour et le contre et observer ce qui allait se passer. Je n'étais pas en Nouvelle-Zélande pour me rendre malade. Je ne vivais pas dans une ville comme Taupo pour ne plus voir la beauté du lac chaque matin à cause d'un esprit trop préoccupé. A la fin de la journée, je sus. C'était trop. Je voulais partir.
Je savais qu'un des chefs de l'équipe et l'autre kitchen hand avaient déjà posé leur démission la semaine d'avant, c'est donc avec appréhension le mardi suivant que j'annonçais à mon Chef que je voulais partir aussi. "Quand ? me dit-il". "Dans 10 jours, ça te convient ?" "Oui, ça me laisse suffisamment de temps pour me retourner." Puis il ajouta : "Ces dernières semaines n'ont pas été faciles. En tout cas, tu as fait de l'excellent boulot et tu feras un bon chef. Si tu travailles dans une autre cuisine, tu peux mettre mes coordonnées sur ton CV en référence, je te recommanderais. Tu vis toujours à ton auberge de jeunesse ? Je peux te demander de mettre une annonce pour moi pour qu'on trouve un remplaçant ?". Je mis deux annonces dans deux auberges différentes, souhaitant que mon Chef trouve quelqu'un au plus vite.
Les 10 jours qui suivirent se passèrent mieux. Le mercredi 14 janvier, nous avons fêté ensemble le départ d'un des chefs. J'en appris davantage sur mon Chef et sur les tensions qu'il pouvait y avoir au sein de la cuisine. Grâce à cette soirée, j'ai pu passer outre ces trois dernières semaines et rester sur une impression positive malgré tout. Je ne veux pas juger qui que ce soit et je ne veux pas retenir de négatif dans cette expérience. Elle a été dure, très dure. Mais que dois-je surtout en retenir ? Je suis plus forte qu'il y a deux mois. J'ai énormément changé. J'ai beaucoup appris. Et je l'ai fait. I just did it!
Hier, dimanche 18 janvier à 16h, j'ai repris ma liberté après 8 semaines de travail, soit 256h passées en cuisine.
Deux mois en cuisine : le résumé en bande-dessinée !
Nouveaux projets : 7 jours de vacances et un helpX !
Parce qu'il est important de prendre soin de soi, j'ai décidé de m'accorder une semaine de vacances à Taupo pour récupérer et pour faire tout ce que je n'ai pas eu le temps de faire depuis que je suis arrivée : kayak sur le lac, visite de musée, découverte des autres quartiers, manger, aller au cinéma, ne rien faire, boire des Chaï Latte...
Sophie, de son côté, travaille toujours au "Taste Café" jusqu'à mi-février (ou fin février... ou début mars, rien n'est arrêté !), et comme nous avons décidé de faire une partie de notre voyage ensemble, je vais rester sur Taupo et les environs en attendant. Et quel timing parfait ! La semaine dernière, j'ai trouvé un HelpX (comme chez Eddy, vous vous souvenez ?) à 14km du centre-ville de Taupo, chez Sandy et Rich, au Windsor Lodge.
Sandy et Rich proposent . L'atmosphère est paisible et calme. Mon travail sera de nettoyer les loges le matin à partir de 10h quand les clients seront partis pour que tout soit prêt pour les nouveaux arrivants à 14h. En échange de ce travail, j'aurais la chance de vivre gratuitement dans ma propre loge (comme celles réservées aux clients !), d'avoir le repas du soir compris et tous mes après-midis de libre. Pour l'instant, je prévois d'y rester jusqu'au 15 février. Je quitte donc le Finn's, mon auberge de jeunesse actuelle, dimanche 25 janvier au matin pour de nouvelles aventures.